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Les combats reprennent dans le nord de l'Ethiopie, chaque camp accuse l'autre
Des combats ont repris mercredi dans le nord de l'Ethiopie, dans des zones frontalières de la région du Tigré, rebelles tigréens et gouvernement fédéral se rejetant la responsabilité d'avoir brisé une trêve observée depuis cinq mois.
Les autorités rebelles du Tigré ont d'abord accusé l'armée fédérale éthiopienne d'avoir lancé une "offensive de grande échelle" contre leurs positions, avant que le gouvernement éthiopien les accuse en retour d'avoir "rompu" la trêve.
Les forces fédérales éthiopiennes "ont lancé une offensive tôt ce (mercredi) matin vers 05H00 (02H00 GMT), nous défendons nos positions", a déclaré à l'AFP un porte-parole des autorités rebelles du Tigré, Getachew Reda, interrogé par l'AFP depuis Nairobi.
Sur Twitter, il a évoqué "une offensive à grande échelle" lancée contre les "positions sur le front Sud" des rebelles tigréens.
"Ne tenant aucun compte des nombreuses offres de paix présentées par le gouvernement éthiopien", les forces rebelles du Tigré "ont lancé une attaque aujourd'hui à 05H00" (02H00 GMT) et "ont rompu la trêve", a répondu le gouvernement dans un communiqué.
"Nos vaillantes forces de défense et toutes nos forces de sécurité répondent victorieusement et de manière coordonnée à cette attaque", poursuit le gouvernement, qui appelle la communauté internationale à exercer "une force pression" sur les autorités rebelles du Tigré.
La région est largement coupée du reste du pays et il est impossible de vérifier les affirmations de chacun des deux camps de manière indépendante.
- Zones frontalières -
Ces combats sont les premiers d'ampleur signalés depuis une trêve conclue fin mars par les deux camps et jusqu'ici largement respectée.
Gouvernement comme rebelles font état mercredi de combats autour de la pointe sud-est du Tigré, frontalière des régions voisines de l'Amhara à l'ouest et de l'Afar à l'est.
"L'offensive sur ce front (...) vise à occuper le sud du Tigré", accusent les rebelles tigréens dans un communiqué.
La milice amhara Fano - qui épaule les forces gouvernementales contre les rebelles du Tigré - affirme que les combats se déroulent dans les zones de Mehago et Jemedo en région Amhara, non loin de celle de Kobo, également en région Amhara et occupée par les rebelles tigréens depuis une contre-offensive courant 2021.
La milice Fano affirme qu'aucun combat ne se déroule pour l'instant au Tigré même, sans qu'il soit possible de le confirmer de source indépendante.
L'APDA, une ONG active en région Afar, a de son côté fait état de combats dans une zone frontalière entre cette région et le sud-est du Tigré.
"Des forces fédérales sont présentes en nombre (dans la zone) de Yallo et repoussent" les rebelles tigréens "hors de l'Afar".
- Engagements -
Le ton était monté ces derniers jours entre le gouvernement fédéral et les rebelles tigréens, chacun accusant l'autre de se préparer à reprendre les hostilités, en dépit des engagements répétés des deux camps, ces deux derniers mois, en faveur de négociations qui n'ont toujours pas commencé.
Mardi, l'armée fédérale éthiopienne avait accusé les rebelles tigréens de la "diffamer" en l'accusant de "faire mouvement vers leurs positions" ou de les "bombarder".
L'Union africaine (UA), qui a son siège à Addis Abeba et mène les efforts pour amener les belligérants à la table des négociations, n'avait toujours pas réagi mercredi en début d'après-midi à la reprise des combats.
Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020, quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed y a envoyé l'armée éthiopienne déloger les autorités de la région qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires sur place, après avoir contesté son autorité depuis plusieurs mois.
L'armée fédérale éthiopienne a reçu l'appui des forces régionales et de milices amhara ainsi que d'un corps expéditionnaire de l'Erythrée voisine, des troupes toujours présentes dans l'ouest du Tigré.
Après avoir initialement battu en retraite, les rebelles tigréens ont repris le contrôle de l'essentiel de la région lors d'une contre-offensive mi-2021 au cours de laquelle ils sont entrés en Amhara et Afar voisines.
Le conflit a provoqué une grave crise humanitaire au Tigré, où le tissu économique a été détruit et qui est privée de services essentiels (électricité, télécommunications ou services bancaires).
A.Jones--AMWN