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Le Kenya attend la réaction d'Odinga, perdant d'une présidentielle serrée
Le Kenya attendait mardi l'allocution de Raila Odinga, silencieux depuis l'annonce la veille de la victoire de son rival William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées.
Tous les yeux sont maintenant tournés vers ce vétéran de l'opposition désormais soutenu par le régime, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois et est en droit de contester le résultat. "Le mystérieux", comme on le surnomme dans sa communauté luo, est resté invisible et muet lundi.
L'ancien prisonnier politique doit tenir une conférence de presse en début d'après-midi.
Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour , par une Commission électorale secouée de divisions internes.
Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".
Après des manifestations violentes mais localisées survenues lundi soir dans des bastions d'Odinga, dans des quartiers populaires de Nairobi et dans la grande ville de l'Ouest, fief luo, de Kisumu, le calme était revenu mardi matin.
Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote il y a une semaine, suscitant l'impatience de la population.
"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", estimait Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi.
- S'abstenir de toute violence" -
La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, en particulier des produits de base, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait de ce thème son cheval de bataille.
"J'attends du président qu'il améliore l'économie du Kenya, que nous ayons plus d'opportunités en terme d'emplois pour la jeunesse. Tous les jeunes vous dirons que nous peinons à trouver des emplois", a expliqué à l'AFP Judy Kosgei, 31 ans, vendeuse de produits de beauté à Eldoret, fief de Ruto.
Plusieurs pays voisins, dont l'Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales.
"Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts", a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : "Tuko Pamoja" - "Nous sommes ensemble" en swahili, la langue commune aux deux pays.
Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017.
Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.
En 2007, une élection elle aussi très serrée (environ 200.000 voix), Odinga avait également refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.
La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des projecteurs.
Un coup de théâtre a semé le trouble lundi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant un processus au "caractère opaque".
Mardi, le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.
Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.
"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.
M.Fischer--AMWN