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L'administration Trump transmet par accident un plan d'attaque à un journaliste
Après une faille de sécurité retentissante, un journaliste américain s'est retrouvé par accident inclus dans un groupe de discussion confidentiel du gouvernement Trump et a reçu par ce biais un plan détaillé de frappes aériennes contre les Houthis du Yémen.
"Je ne sais rien de tout cela", a affirmé Donald Trump, interrogé lundi sur ces révélations qui secouent Washington.
Un peu plus tard, sa porte-parole, Karoline Leavitt, a assuré que le président américain "continuait d'avoir la plus grande confiance dans son équipe de sécurité nationale, y compris son conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz".
"C'est l'une des fuites de renseignement militaire les plus stupéfiantes que j'ai lues depuis très, très longtemps", a dénoncé le chef de la minorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, appelant à une "enquête complète".
Le rédacteur en chef du prestigieux magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, a révélé lundi avoir reçu via la messagerie Signal le plan d'attaque des raids menés le 15 mars par les forces américaines contre les rebelles houthis au Yémen, deux heures avant que les frappes ne commencent et avec "des informations précises sur les armes, les cibles et les horaires".
La Maison Blanche a confirmé. "Il semble pour l'instant que la chaîne de messages dont fait état l'article soit authentique, et nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur", a dit le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Brian Hughes.
"Vous parlez d'un soi-disant journaliste sournois et très discrédité qui a fait profession de colporter des canulars à maintes reprises", a déclaré le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé par des journalistes.
"Personne n'a envoyé de plans de guerre et c'est tout ce que j'ai à dire à ce sujet", a-t-il ajouté.
- "Européens profiteurs" -
Le journaliste explique que tout a commencé avec une prise de contact le 11 mars émanant de Mike Waltz, via Signal, application très prisée des reporters et des responsables politiques grâce à la confidentialité qu'elle promet.
Dans les jours qui suivent, il est invité à rejoindre un groupe de discussion et lit les messages que s'échangent 18 responsables de très haut niveau, dont, selon lui, le chef de la diplomatie, Marco Rubio, le patron de la CIA, John Ratcliffe, et le vice-président, JD Vance.
Ce dernier estime, selon des propos reproduits dans The Atlantic, que conduire les frappes serait une "erreur", car l'opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens.
"Si tu penses qu'il faut le faire, allons-y. C'est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois", écrit JD Vance à l'intention du ministre de la Défense, toujours selon le magazine. Lequel répond: "Je suis complètement d'accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C'est PATHETIQUE", mais il justifie néanmoins l'attaque pour "rouvrir les liaisons" maritimes.
Après les raids, les membres du groupe de discussion se félicitent selon le journaliste du succès de l'opération, avec de nombreux émoticônes.
- "C'est une blague" -
Le rédacteur en chef de The Atlantic dit avoir eu, jusqu'à ce que sortent les premières informations sur les frappes bien réelles, de "très forts doutes" sur l'authenticité de cette boucle de messages.
Il ajoute: "Je n'arrivais pas à croire que le conseil à la sécurité nationale du président serait imprudent au point d'inclure le rédacteur en chef de The Atlantic", un magazine souvent critique de Donald Trump et que ce dernier étrille à la moindre occasion.
Jeffrey Goldberg ne révèle pas dans son article les détails confidentiels sur le plan d'attaque, et assure qu'il a quitté le groupe de discussion après les frappes aériennes.
Cette conversation "constitue la preuve d'une coordination profonde et réfléchie entre de hauts responsables", a tenté d'expliquer Brian Hughes.
"D'un point de vue de sécurité opérationnelle, c'est le plus grand foirage possible. Ces gens ne peuvent pas assurer la sécurité de l'Amérique", a au contraire critiqué sur X Pete Buttigieg, personnalité en vue du parti démocrate.
Une des réactions les plus commentées à cette fuite spectaculaire est venue d'Hillary Clinton, candidate malheureuse face à Donald Trump à la présidentielle de 2016.
Le républicain l'avait attaquée sans relâche pour avoir envoyé des courriers électroniques officiels via une messagerie privée quand elle était secrétaire d'Etat.
"Dites-moi que c'est une blague", a-t-elle écrit sur le réseau social X, en partageant l'article de The Atlantic.
P.Santos--AMWN