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Portugal: le gouvernement de centre-droit tombe après le refus des députés de lui accorder la confiance
Empêtré dans une polémique sur un possible conflit d'intérêts, le Premier ministre portugais de droite modérée Luis Montenegro est démissionnaire après le refus des députés mardi de lui accorder la confiance, un vote qui pourrait ouvrir la voie à des élections anticipées.
Le gouvernement a "tout tenté jusqu'à la dernière minute pour éviter des élections anticipées", a déclaré M. Montenegro à la sortie du Parlement.
Mardi soir, après plus de 3h30 de débats houleux, la séance avait été suspendue pour une heure au Parlement, le temps pour le PSD (parti social-démocrate, centre-droit) du Premier ministre et le Parti socialiste de tenter des négociations de la dernière chance.
Mais l'interruption n'a pas permis d'aplanir le différend entre les deux formations, et les socialistes, comme ils l'avaient annoncé, ont voté contre la confiance au gouvernement, au côté notamment de la formation d'extrême droite Chega.
En jeu: la participation éventuelle de Luis Montenegro à une commission d'enquête parlementaire formellement demandée lundi par les socialistes.
Le PSD s'était engagé pendant le débat à ce qu'il y prenne part, réclamant en retour qu'elle ne dure que 15 jours, puis jusqu'à fin mai -- ce qu'a refusé fermement le leader du Parti socialiste Pedro Nuno Santos, fustigeant des "arrangements" et estimant que ce n'était pas au gouvernement d'en fixer les règles.
"Le PS est resté intransigeant dans sa proposition de prolonger la durée de la commission d'enquête, souhaitant ainsi que la dégradation politique (...) dure le plus longtemps possible", a regretté M. Montenegro qui se défend d'avoir commis des irrégularités.
Au cœur de la polémique: une entreprise de prestation de services détenue par sa femme et ses enfants ayant des contrats avec plusieurs sociétés privées, parmi lesquelles un groupe dont l'activité est soumise à des concessions accordées par l'État.
- "Approfondir mes réponses" -
Luis Montenegro a déjà annoncé que cette entreprise serait désormais strictement détenue par ses enfants. Mais l'opposition continue d'insister pour qu'il apporte davantage d'explications.
"Il est normal de continuer d'avoir des doutes", a insisté le leader du PS, sommant M. Montenegro de s’expliquer dans le cadre de la "commission d'enquête parlementaire" que son parti a proposée.
"Je suis prêt à approfondir mes réponses", a affirmé pour sa part le chef du gouvernement.
"Je sais que les Portugais ne veulent pas d'élections", a-t-il reconnu, "mais je sais aussi qu'ils ne me pardonneront pas si nous entraînons le pays vers le bas", s'est justifié M. Montenegro pour qui le vote de confiance était nécessaire "dans un souci de vérité et de transparence".
Le rejet de la confiance par le Parlement, où le gouvernement ne disposait pas de la majorité absolue, pourrait ouvrir la voie à des élections législatives anticipées, les troisièmes depuis début 2022.
Il revient au président, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, de décider de dissoudre ou non le Parlement.
Le chef de l'Etat doit recevoir les partis représentés au Parlement mercredi en commençant par le PSD, puis l'opposition socialiste. Jeudi, il a convoqué le conseil d'État, un organe consultatif composé des plus hautes personnalités de l'Etat.
Il se prononcera ensuite sur l'issue qu'il souhaite donner à la crise.
Si elles sont convoquées, des élections législatives anticipées pourraient se tenir le 11 ou le 18 mai, a déjà indiqué M. Rebelo de Sousa.
Arrivé au pouvoir il y a à peine un an,M. Montenegro, qui a déjà surmonté deux motions de censure, a fait savoir qu'il serait candidat à sa succession en cas d'élections anticipées.
Th.Berger--AMWN