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Ukraine : l'ONU envoie un nouveau convoi pour évacuer Azovstal, les Ukrainiens démentent toute trêve
L'ONU a annoncé jeudi l'envoi d'un nouveau convoi pour évacuer les civils de l'usine Azovstal à Marioupol, la dernière poche de résistance aux forces russes dans ce port stratégique du Donbass, même si les Ukrainiens accusaient Moscou de ne pas y tenir sa promesse de trêve.
Les informations sur la situation dans l'immense aciérie de Marioupol étaient contradictoires.
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé jeudi soir que "l'armée russe était toujours prête à assurer l'évacuation des civils" d'Azovstal, qui pourraient être encore 200 piégés avec les combattants ukrainiens dans ce complexe.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a quant à lui également déclaré que l'armée russe respectait le cessez-le-feu autour de l'usine, qu'elle a annoncé mercredi pour trois jours. Et affirmé que des couloirs humanitaires autour d'Azovstal "fonctionnaient" ce jeudi.
Mais le commandant-adjoint du régiment Azov qui défend ces installations, Sviatoslav Palamar, a assuré dans une vidéo que des "combats sanglants" se déroulaient à l'intérieur même du site et que les Russes "ne tenaient pas leur promesse" de trêve.
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Olexiï Arestovitch, a de son côté dit que les Russes arrivés dans l'usine avaient été un premier temps "repoussés". Mais il a refusé d'en dire plus, soulignant disposer d'informations "contradictoires".
"A l'heure où nous parlons, un convoi est en route pour arriver à Azovstal d'ici demain matin avec l'espoir de récupérer les civils restants dans ce sombre enfer, qu'ils habitent depuis tant de semaines et de mois, et de les ramener en sécurité", a déclaré M. Griffiths à Varsovie. Le Comité international de la Croix-rouge (CICR) a confirmé y être associé.
Une centaine de civils avaient déjà pu quitter ce complexe le week-end dernier, à l'occasion d'une évacuation organisée avec l'ONU et le CICR.
- Livraisons occidentales -
La prise totale de Marioupol, une cité portuaire de près de 500.000 habitants avant-guerre dévastée par deux mois de siège et de bombardements russes, serait une victoire importante pour la Russie à l'approche du 9 mai, jour où elle célèbre avec un grand défilé militaire sur la Place Rouge sa victoire sur l'Allemagne nazie en 1945.
Les Ukrainiens ont affirmé que les Russes se préparaient à aussi en organiser un à Marioupol ce jour-là.
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, Moscou n'a pu revendiquer le contrôle total que d'une ville d'importance, celle de Kherson, dans le sud.
Dmitri Peskov a reconnu jeudi que le soutien occidental avait freiné l'offensive déclenchée le 24 février.
"Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Otan dans son ensemble partagent en permanence des données du renseignement avec les forces armées ukrainiennes. Conjuguées aux approvisionnements en armes (...), ces actions ne permettent pas d'achever rapidement" l'offensive, a-t-il lâché, après que le New York Times eut écrit que les renseignements fournis par Washington à Kiev avaient permis de cibler plusieurs généraux russes.
Ces actions "ne sont toutefois pas en mesure d'empêcher" la Russie d'atteindre ses "objectifs" en Ukraine, a-t-il ajouté, après 10 semaines d'une opération militaire qui a fait des milliers de morts et poussé à l'exil plus de cinq millions d'Ukrainiens.
- Appel de fonds mondial -
Dans ce contexte, le président Volodymyr Zelensky, qui ne cesse de réclamer plus de sanctions contre la Russie et plus de livraisons d'armes, a lancé jeudi une campagne mondiale de levée de fonds pour l'Ukraine, via une plateforme.
"En un clic, vous pouvez donner des fonds pour aider nos défenseurs, sauver nos civils et reconstruire l'Ukraine", a-t-il expliqué dans une vidéo sur Twitter. La page d'accueil de la plateforme propose de choisir entre un don pour financer la défense, l'aide médicale ou la reconstruction.
Plus de six milliards d'euros "pour aider l'Ukraine et tous ceux qui (la) soutiennent" ont parallèlement été collectés au cours d'une conférence internationale des donateurs à Varsovie, a annoncé jeudi le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki.
Les forces russes poursuivent par ailleurs leur offensive, notamment dans l'est.
Selon le gouverneur de la région de Donetsk, 25 civils ont été blessés dans une frappe dans la nuit sur un quartier d'habitation à Kramatorsk.
Moscou a affirmé y avoir visé un poste de commandement ukrainien et deux entrepôts militaires sur l'aérodrome de cette ville.
La Russie a également dit avoir tiré des missiles "de haute précision" dans le sud, en particulier sur un aéroport militaire près de Kirovograd, et sur un dépôt de munitions et un dépôt de carburants dans la région de Mykolaïv.
"L'ennemi a perdu le contrôle de plusieurs localités près des régions de Mykolaïv et de Kherson", a néanmoins assuré l'état-major ukrainien jeudi matin.
Aux frontières nord de l'Ukraine, le Bélarus - un allié de Moscou - a entamé mercredi des manoeuvres militaires "surprise" censées tester les capacités de réaction de son armée, selon son ministère de la Défense.
Et la Russie a annoncé mercredi soir que son armée avait simulé des tirs de missiles à capacité nucléaire dans l'enclave russe de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie, deux pays membres de l'UE.
- Nouvelles sanctions -
Le président du Conseil européen Charles Michel s'est pour sa part prononcé jeudi pour une confiscation des avoirs russes gelés dans l'UE dans le cadre des sanctions contre la Russie, afin d'aider à reconstruire l'Ukraine.
"Je suis absolument convaincu que c'est extrêmement important non seulement de geler les avoirs, mais aussi de rendre possible leur confiscation, afin de les rendre disponibles pour le pays qui se reconstruit", a-t-il déclaré à l'agence de presse Interfax-Ukraine.
Mercredi, la Commission européenne a proposé, dans le cadre d'un sixième paquet de sanctions de l'UE, un embargo progressif sur le pétrole importé de Russie.
Si les Etats membres de l'Union européenne donnent - à l'unanimité - leur feu vert, "nous renoncerons progressivement aux livraisons russes de pétrole brut dans les six mois et à celles de produits raffinés d'ici la fin de l'année", a dit la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
Le projet de Bruxelles prévoit une exemption provisoire pour la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants des livraisons par l'oléoduc "Droujba", qui pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023.
Budapest a toutefois écarté ce projet en l'état, s'attirant les foudres du chef de la diplomatie ukrainienne, qui a accusé tout pays s'opposant à un tel embargo de "complicité" des crimes imputés aux Russes en Ukraine.
Outre les mesures sur le pétrole, l'Union européenne a aussi proposé mercredi d'exclure trois banques russes supplémentaires - dont Sberbank, le plus gros établissement russe - du système financier international Swift.
Volodymyr Zelensky a de son côté invité à Kiev le chancelier allemand Olaf Scholz et le président Frank-Walter Steinmeier, trois semaines après avoir snobé ce dernier qui avait voulu y effectuer une visite, a-t-on appris jeudi auprès de la présidence allemande.
Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine était par ailleurs prévue pour jeudi soir à New York.
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P.Silva--AMWN