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Retraites, budget... négociations intenses, Lombard pense qu'on peut "avancer"
A l'approche de la déclaration de politique de générale de François Bayrou mardi, les tractations se sont intensifiées sur les retraites et le budget, les socialistes demandant une suspension de l'application de la mesure des 64 ans, le temps de sa renégociation, pour prix de leur non-censure.
En fin de journée, le ministre de l'Economie Eric Lombard a estimé devant la presse, à l'issue d'une semaine-marathon entre Bercy et les partis politiques représentés au Parlement, que l'esprit qui a animé le dialogue "permettra d'avancer".
Dans le même temps, un responsable écologiste a dit à l'AFP sentir les négociations "s'enliser".
Depuis plusieurs jours, et à la fureur de Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé "leur servilité", socialistes, Écologistes et communistes discutent avec le gouvernement, principalement Bercy, du projet de budget 2025 et de la réforme des retraites.
Avec l'objectif de trouver "un chemin" qui leur permettrait de ne pas voter la motion de censure que les Insoumis ont l'intention de déposer après la déclaration de politique générale.
Le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner a évoqué sur franceinfo, à défaut d'une abrogation de la réforme des retraites, une suspension de l'application du report progressif de l'âge de départ en retraite de 62 à 64 ans, pendant 6 mois, le temps d'une renégociation du texte avec les partenaires sociaux.
"Cette négociation de six mois pourrait commencer très vite et, pendant ce temps là, nous demandons une suspension ou l'équivalent d'une suspension", a dit M. Kanner.
Il a ensuite précisé à l'AFP que cette durée de six mois résultait d'une réflexion personnelle, qui n'engageait pas le Parti socialiste.
"Ce qu'on demande c'est la suspension, Patrick Kanner n'avait pas besoin de fixer un délai", a remarqué un responsable PS, alors que Marine Tondelier, la cheffe des Ecologistes a réagi sur X avec un grand "faux!" aux déclarations de M. Kanner.
"Si nous sommes entendus (...), il n'y aura pas de censure portée par les socialistes", a assuré M. Kanner.
La négociation permettrait notamment de "retravailler la mesure d'âge de 64 ans", sur laquelle "j'ai senti quelques bougés au niveau du gouvernement", a précisé le sénateur.
La réforme des retraites, entrée en vigueur depuis le 1er septembre 2023, instaure notamment un recul progressif de l’âge minimum de départ de 62 à 64 ans, au rythme de trois mois supplémentaires par génération.
Ces discussions poussées avec le gouvernement mettent en fureur La France insoumise, qui accuse désormais le PS de vouloir abandonner la retraite par répartition pour un système de retraite par points, cher à Emmanuel Macron, ce qu'a démenti le secrétaire général Pierre Jouvet, dénonçant une "fake news".
- discussion "jusqu'à lundi soir" -
En attendant la déclaration de politique générale de François Bayrou, les discussions se sont poursuivies toute la journée à Bercy.
"La synthèse" de l'ensemble des discussions des derniers jours avec les formations politiques sera transmise samedi au Premier ministre, a fait savoir Eric Lombard, saluant "l'esprit de responsabilité et de transparence qui a animé toute cette semaine".
La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, qui l'accompagnait, s'est dite "très rassurée par le fait qu'il y a dans notre pays des responsables politiques qui (...) qui partagent le sentiment (...) qu'il nous faut un budget rapidement".
Les locataires de Bercy seront reçus samedi soir par le Premier ministre, avec la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, selon une source au sein de l'exécutif.
Le débat porte avant tout sur le coût d'une remise en cause de la réforme alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d'environ 50 milliards d'euros cette année.
Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse, abroger le recul de l'âge de la retraite coûterait 3,4 milliards d'euros en 2025 et près de 16 milliards en 2032. Le PS propose de mettre à contribution le Fonds de réserve des retraites créé à la fin des années 1990, à hauteur de 2 à 3 milliards d'euros cette année.
Le gouvernement ne doit pas non plus s'aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme en dépit des manifestations massives des opposants.
"Notre position, c'est qu'on ne veut pas toucher à la réforme des retraites", a répété l'ancien ministre du Budget Thomas Cazenave sur TF1.
À côté des retraites, les socialistes ont mis d'autres questions sur la table, comme les suppressions de postes dans l’Éducation nationale ou la justice fiscale.
Selon le journal L'Opinion, Amélie de Montchalin a évoqué devant eux la piste d'une taxation du patrimoine des plus riches.
A la presse vendredi soir, la ministre a simplement fait part de la "conviction" du gouvernement qu'il ne fallait pas "réduire le déficit en augmentant les impôts pour les classes moyennes".
D.Sawyer--AMWN