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En Iran, le vieillissement de la population suscite des craintes pour l'avenir
En Iran, le vieillissement rapide de la population menace l'avenir du pays, déjà en proie à des difficultés économiques, et inquiète ses dirigeants qui tentent d'encourager la natalité.
Au fil des ans, la composition démographique de l'Iran est passée d'une majorité jeune à une population vieillissante, poussée par l'augmentation de l'espérance de vie, la chute du taux de natalité et une forte baisse de fécondité.
Désormais, le pays de près 86 millions d'habitants vieillit cinq fois plus vite qu'il ne croît, selon Mohammad Javad Mahmoudi, directeur de l'Institut national de recherche sur la population, cité par l'agence de presse officielle Irna.
En 2021, les personnes âgées de 60 ans ou plus représentaient environ 11% de la population. Ce chiffre devrait tripler d'ici 2050, pour atteindre un tiers de la population, selon un rapport des Nations unies publié en 2023.
"Avec cette tendance, le pays sera confronté à une grave crise à l'avenir", a averti en décembre le ministre de l'Intérieur, Eskandar Momeni, prévenant que la population pourrait diminuer de plus de moitié dans les 75 prochaines années.
Afin d'encourager les naissances, le gouvernement mène une campagne à l'aide d'affiches placardées partout dans le pays. L'une d'elles montre des parents abritant leurs quatre enfants sous un toit protecteur, avec le slogan: "Les enfants, le pouls de nos vies!"
- "Une entreprise énorme" -
L'Iran a connu un pic de natalité pendant la guerre contre l'Irak (1980-88), où le gouvernement a encouragé les naissances, pour ensuite inverser sa politique lorsque le pays a lutté pour reconstruire son économie.
Depuis, le taux de fécondité a chuté de façon spectaculaire, passant de 6,4 enfants par femme à 1,6 en 2023, souligne M. Mahmoudi, ajoutant que la croissance démographique avait en outre fortement ralenti, de 1,29% en 2011 à 0,6% en 2023.
Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait initialement soutenu les politiques de planification familiale, les a ensuite qualifiées d'"erreur".
"Le pays a besoin d'une population jeune et s'il subit les conséquences amères du vieillissement de la population, il n'y a pas de remède", a-t-il déclaré en août.
Toutefois, de nombreux Iraniens hésitent à fonder une famille dans un pays en proie à des sanctions internationales, au chômage et à la flambée des prix, et les jeunes donnent souvent la priorité aux objectifs personnels ou professionnels.
"Élever un enfant est une entreprise énorme", affirme Zohreh, une maquilleuse de 39 ans habitant à Téhéran, qui n'a divulgué que son prénom.
"Je n'ai pas eu une bonne expérience en grandissant dans la capitale, à cause du mauvais système éducatif, de la situation économique désastreuse", ajoute-t-elle.
Pour Shaho Sabbar, professeur d'études mondiales à l'université de Téhéran, la crise "n'a pas débuté soudainement", mais son "impact négatif a commencé à se faire sentir au cours de la dernière décennie".
Les conséquences à long terme pourraient être "significatives", selon lui, allant d'une diminution de la main-d'œuvre à une baisse de la croissance économique.
- Impact "limité" -
Les autorités ont multiplié les efforts pour encourager le mariage et la procréation, en offrant des incitations telles que des prêts immobiliers à faible taux, des aides financières et des soins de santé gratuits pour les mères et les enfants.
En 2021, l'Iran a lancé une application de rencontre islamique visant à faciliter le "mariage durable" pour les jeunes.
La même année, la République islamique a promulgué une loi criminalisant l'utilisation de contraceptifs, interdisant la stérilisation et imposant des limites strictes au dépistage des maladies génétiques pendant la grossesse.
Pour Zohreh, cette dernière mesure est dissuasive. "Je suis très inquiète actuellement que mon enfant naisse avec des malformations congénitales", confie-t-elle.
"Ces incitations sont soit trop difficiles à mettre en œuvre, soit très faibles par rapport au coût de l'éducation d'un enfant", relève Etemadi, un fonctionnaire de 38 ans père de trois enfants.
Pour M. Sabbar, les mesures gouvernementales n'ont qu'un impact "limité". Le gouvernement, selon lui, devrait "créer un environnement plus favorable" en favorisant notamment l'épargne et l'investissement.
L.Davis--AMWN