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La composition du gouvernement annoncée à 18h30, Bertrand n'en sera pas
Le gouvernement de François Bayrou sera dévoilé lundi à 18h30, a indiqué l’Élysée, mais sans Xavier Bertrand, qui a fait savoir peu avant l'annonce officielle qu'il refusait d'entrer dans une équipe "formé(e) avec l'aval de Marine Le Pen".
La présidence de la République a annoncé que le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler égrènerait la composition du gouvernement à 18h30.
Mais avant même cette annonce, un des dirigeants politiques pressentis a fait savoir qu'il n'en serait pas: le président (LR) de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand.
"Le Premier ministre m'a informé ce matin, contrairement à ce qu'il m'avait proposé hier, qu'il n'était plus en mesure de me confier la responsabilité du ministère de la Justice en raison de l'opposition du Rassemblement national", écrit M. Bertrand dans un communiqué.
"En dépit de ses nouvelles propositions, je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l'aval de Marine Le Pen", poursuit l'ancien ministre de la Santé.
Une défection importante pour un Premier ministre en quête de poids lourds à droite comme à gauche pour tenter de dénouer la crise politique.
M. Bertrand au gouvernement, "c'est un très mauvais signe qui est fait", avait grincé lundi matin Jean-Philippe Tanguy (RN), répétant néanmoins qu'une telle éventualité n'entraînerait pas censure immédiate du parti d'extrême droite.
Décrétée journée de deuil national par le président Emmanuel Macron pour l'archipel dévasté par le cyclone Chido, lundi est une journée délicate pour annoncer un gouvernement mais ce dernier reste promis "avant Noël" mercredi.
Très émue, la députée (Liot) de Mayotte, Estelle Youssouffa s'était dite quelques heures plus tôt "indignée" que "la petite tambouille parisienne continue" en ce jour de deuil, alors que la population de Mayotte "n'a pas d'eau, n'a pas vu de secours". "C'est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre, qu'on n'a plus les mots", a-t-elle déclaré sur France Inter.
De nominations de Premiers ministres en remaniements, la classe politique s'est habituée à devoir patienter au gré des ajustements de calendriers de l'exécutif.
"Cette durée de ce casting par rapport aux urgences du pays, aux crises que l'on traverse, c'est insupportable", a critiqué le député RN Jean-Philippe Tanguy sur BFMTV-RMC, dénonçant "toujours le même sketch".
- Poids lourds -
Le leader centriste, 73 ans, quatrième Premier ministre en 2024, espère composer un gouvernement de poids lourds, à même d'éviter la censure, avec à la fois des personnalités de droite, du centre et de gauche.
Son entourage avait fait savoir dimanche qu'il en était "aux derniers réglages de son gouvernement". Plusieurs échanges téléphoniques avec Emmanuel Macron ont eu lieu dimanche, ainsi qu'un entretien dans la soirée à l'Élysée.
Mais la composition d'un gouvernement répond à un subtil dosage devant notamment respecter les équilibres politiques, la parité entre hommes et femmes, et les susceptibilités. Les ministres devront surtout préparer dans l'urgence un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.
Les noms de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne ou de l'ex-ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sont évoqués pour entrer dans l'équipe de François Bayrou.
Quant à Gérald Darmanin, ex-LR rallié à la macronie, il a publiquement fait acte de candidature pour le Quai d'Orsay où l'actuel ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (MoDem) aimerait rester.
- Engagement écrit -
A gauche, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé être "prêt" à rejoindre le gouvernement, vantant sa "relation de confiance" de longue date avec François Bayrou.
Mais rien ne filtre ou presque sur d'autres personnalités issues de la gauche qui pourraient être tentées de rejoindre François Bayrou. Si ce n'est, peu avant l'annonce, le nom de l'ancien Premier ministre Manuel Valls, pressenti à l'Outre-mer.
Le parti socialiste a formellement refusé de participer au gouvernement et son chef Olivier Faure s'est dit "consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé", n'excluant pas de censurer le tout nouveau Premier ministre, allié de la première heure d'Emmanuel Macron.
Parmi les sortants, Catherine Vautrin (Territoires), Rachida Dati (Culture) et Sébastien Lecornu (Armées) devraient rester, probablement aux mêmes portefeuilles.
Du côté des LR, ils ont obtenu lundi l'engagement écrit du Premier ministre notamment sur des "économies" budgétaires et l'encouragement du "travail par tous les moyens", auquel ils avaient conditionné leur participation au gouvernement.
Laurent Wauquiez, patron des députés LR, a renoncé à entrer dans l'équipe, faute d'avoir obtenu le portefeuille des Finances. En revanche, le ministre sortant de l'Intérieur Bruno Retailleau est bien parti pour rester. Les députés LR se réuniront à 20h00, selon une source au sein du parti.
Le socle gouvernemental du centriste serait finalement assez proche de celui du LR Michel Barnier, renversé le 4 décembre par une motion de censure de l'Assemblée nationale, après trois mois en poste.
Y.Kobayashi--AMWN