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Législatives: des dizaines de milliers d'opposants à l'extrême droite défilent, tempête à LFI
Des dizaines de milliers d'opposants à l'extrême droite défilent samedi dans toute la France à l'appel de syndicats, d'associations et du Nouveau Front populaire, l'union des partis de gauche ébranlée par des accusations de "purge" au sein de LFI.
De Bayonne à Nice, à Vannes, à Reims ou au Puy-en-Velay, la France anti-RN se mobilise contre la perspective d'une victoire de l'extrême droite aux législatives avec à la clef l'hypothèse d'une entrée du patron du Rassemblement national Jordan Bardella à Matignon.
"Je pensais que je n’allais jamais voir l’extrême droite arriver au pouvoir et maintenant ça peut arriver", craint Florence David, 60 ans, formatrice qui défile à Paris.
"La dissolution de l'Assemblée nationale, c'est un coup politique qui n'est pas de tout responsable et qui est très politicien, et une partie des gens en France n'est pas du tout d'accord, d'où l'importance de venir s'unir et montrer qu'on est ensemble et que c'est pas du tout une fatalité que le RN devienne la première force gouvernementale", souligne Charlotte Regnier, travailleuse sociale, 29 ans, à Marseille.
Dans la capitale, des milliers de manifestants - jeunes, familles avec enfants, retraités - ont commencé à battre le pavé après 14H00, dans une ambiance bon enfant, au cri de "la jeunesse emmerde le Front national".
"Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers", lance un manifestant. "La situation est grave, il faut s'engager", explique Gauvin Chêne, un étudiant de 20 ans. "Je suis là pour défendre les droits des femmes, l'égalité entre les peuples, l'écologie aussi", raconte Marie Chandel, 58 ans, employée dans l'Education nationale.
Sophie Binet, patronne de la CGT, espère, elle, "un raz de marée populaire".
De source policière, 300 à 350.000 personnes sont attendues, dont 50.000 à 100.000 dans la capitale. 21.000 policiers et gendarmes sont mobilisés.
En province, à 13H00, 98 rassemblements ont été recensés, selon une source policière.
Cinq syndicats CFDT, CGT, UNSA, FSU et Solidaires ont appelé à la mobilisation. FO, CFE-CGC et CFTC mettent en avant leur apolitisme pour ne pas appeler à manifester.
- "Décisions irresponsables" -
Les leaders de gauche étaient en tête du cortège à Paris. Sans un mot sur les profondes divergences qui ébranlent le Nouveau Front populaire, après la décision de La France Insoumise (LFI) de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées à Jean-Luc Mélenchon.
"Nous sommes prêts, nous avons fait (l'union), personne n'y croyait", "on va vous redonner la flamme. Et pas celle du Front national, celle-là on va l'éteindre", a lancé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.
"Il y a des différences entre nous mais quand l'essentiel est en cause, nous n'avons pas le droit de faire autre chose que de nous rassembler", a renchéri le patron des socialistes, Olivier Faure.
"Nous sommes en train d'écrire l'histoire", a assuré Mathilde Panot, une proche de Jean-Luc Mélenchon.
A Amiens, François Ruffin, a tout de même exhorté à "ne pas revenir aux rancoeurs", mais "à prendre de la hauteur". "Jean-Luc Mélenchon est fabuleux quand il se met en retrait", a-t-il taclé.
La grogne au sein de LFI a éclaté vendredi soir.
Un proche du tribun, Adrien Quatennens, pourtant condamné en 2022 à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour violences conjugales, a été réinvesti dans le Nord.
En revanche, Danielle Simonnet, Raquel Garrido et Alexis Corbière, des figures historiques du mouvement opposées à la ligne mélenchoniste, ont été brutalement écartées et remplacées par d'autres candidats inconnus du grand public.
"Une purge", a dénoncé la première, le deuxième accusant Jean-Luc Mélenchon de "régler ses comptes".
"Extrêmement choquée", Marine Tondelier a convoqué les instances de son parti EELV et Olivier faure tente de "régler la scandaleuse éviction" des députés LFI.
Autre sujet potentiel de zizanie au sein du Nouveau Front populaire, l'ancien président socialiste de la République François Hollande, favorable à l'union de la gauche contre l'extrême droite, a lui annoncé sa candidature aux législatives en Corrèze.
M. Macron a brocardé les divergences internes sur le programme à gauche, y voyant un "spectacle de grande incohérence": "On est chez les fous, ce n'est pas sérieux".
- 1er mai 2002 -
"La République est en danger face à ces ingénieurs du chaos qui prônent la division", a estimé vendredi Jordan Bardella en campagne dans le Loiret, ciblant les "amis de M. Mélenchon".
Le président du RN qui vise Matignon à 28 ans seulement, a jugé que seules "deux formations politiques" pourront "composer un gouvernement": la sienne, favorite des sondages, et cette nouvelle union de la gauche.
M. Bardella a dénoncé vendredi des appels "extrêmement dangereux" à "l'insurrection", tout en se disant "très attaché à la liberté d'expression".
Depuis dimanche, des manifestations et rassemblements ont lieu quasi quotidiennement, notamment en régions.
Alors que l'Euro de football a démarré vendredi soir en Allemagne, l'attaquant de l'équipe de France Marcus Thuram a appelé à "se battre pour que le RN ne passe pas", une prise de position rare pour un sportif de haut niveau.
Le 1er mai 2002, la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, avait rassemblé près d'un million de manifestants, aujourd'hui c'est le "choc des européennes" avec un score cumulé de l'extrême droite de 37,8% et la perspective d'un "RN au portes du pouvoir" qui poussent les opposants dans la rue.
Du côté de la droite classique, le tribunal de Paris a provoqué un énième rebondissement en invalidant vendredi la décision du bureau national du parti Les Républicains (LR), qui avait exclu son président Eric Ciotti, favorable à une alliance avec le RN.
bur-grd-jud-sde/
P.Martin--AMWN