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Narendra Modi, le nationaliste indien devenu très fréquentable
Longtemps ostracisé par certains pays occidentaux pour son nationalisme hindou décomplexé, le Premier ministre indien Narendra Modi, qui a revendiqué mardi sa troisième victoire électorale, est devenu un acteur incontournable sur la scène internationale.
Le président russe Vladimir Poutine vante le "partenariat privilégié" entre leurs deux pays, son homologue américain Joe Biden évoque des "valeurs communes" et l'a convié à s'exprimer devant le Congrès à Washington et Emmanuel Macron n'est pas en reste.
Le chef d'Etat français l'a ainsi convié en tant qu'invité d'honneur au défilé militaire du 14-Juillet à Paris l'an dernier, lui remettant la plus haute distinction nationale pour "l'excellente relation d'amitié et de confiance qui unit la France et l'Inde".
Le Premier ministre indien, âgé de 73 ans, lui a rendu la politesse en le recevant avec faste pour la fête de la Constitution en janvier, quatre mois après avoir accueilli le gotha mondial à l'occasion du G20 de New Delhi.
Un parcours aux allures de revanche pour ce fils d'un simple vendeur de thé, qui avait été déclaré persona non grata aux Etats-Unis et au Royaume-Uni après des émeutes interreligieuses sanglantes en 2002 au Gujarat, un Etat dont il était alors le ministre en chef.
Mais sa "nouvelle Inde" à l'économie modernisée et numérique est vue comme un contrepoids à la Chine et connaît la croissance la plus soutenue des grandes économies, dépassant l'ancienne puissance coloniale britannique et devenant un client de choix pour les exportations d'armes, de pétrole et d'avions.
- "Humbles origines" -
Né le 17 septembre 1950 dans le Gujarat, à 900 km au sud-ouest de New Delhi, Narendra Modi est le troisième des six enfants d'un vendeur de thé à la gare de sa localité, Vadnagar.
Des origines modestes dont cet homme charismatique joue toujours volontiers, se posant en champion des "petites gens" et privilégiant l'hindi dans ses allocutions officielles, là où ses prédécesseurs préféraient l'anglais.
"Oui, une personne d'origine modeste est devenue Premier ministre", s'était-il félicité dans un discours en 2019, affirmant que ses opposants le "détestent à cause de (ses) humbles origines".
Membre très jeune du mouvement nationaliste Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), Narendra Modi se fait rapidement remarquer pour ses qualités d'orateur et son ambition.
Il monte en grade au sein de cette organisation de masse aux méthodes paramilitaires, rejoignant son aile politique, le BJP, jusqu'à devenir le chef de l'exécutif du Gujarat en 2001.
L'année suivante, des émeutes intercommunautaires éclatent dans cet Etat après la mort de dizaines de pèlerins hindous dans un incendie. On recense au moins 1.000 morts, en majorité des musulmans. M. Modi est accusé d'avoir attisé les troubles et de ne pas avoir mobilisé les forces de l'ordre pour y mettre fin.
Visé par une enquête et finalement disculpé, ce responsable politique, entre temps mis au ban par Washington et Londres, devait déclarer à la BBC par la suite que sa seule erreur avait été de ne pas avoir su "gérer les médias".
- Puissance majeure -
Son gouvernement est depuis régulièrement accusé par les défenseurs des droits et l'opposition d'instrumentaliser la justice et d'intimider les médias à des fins politiques.
A l'approche du scrutin, M. Modi a promis de faire de l'Inde une des "trois principales économies du monde" d'ici à 2027 et de "lancer un assaut final et décisif contre la pauvreté".
Autre cheval de bataille : l'adoption d'un code civil unique, visant à uniformiser les lois sur des sujets comme le mariage, le divorce et l'héritage pour les diverses religions et croyances.
Présenté comme un gage de modernité et d'égalité des sexes, ce projet est perçu par de nombreuses communautés, en particulier les quelque 210 millions de musulmans, comme une attaque contre leurs règles religieuses et leur identité.
Narendra Modi juge que sa politique permet à l'Inde d'enfin assumer pleinement son statut de puissance majeure, après des siècles d'asservissement aux moghols musulmans puis à l'empire britannique.
En janvier, il avait inauguré un temple hindou à Ayodhya (nord), bâti à l'emplacement de la mosquée de Babri détruite par des fanatiques hindous en 1992, symbole selon lui d'un pays "brisant les chaînes de l'esclavage".
J.Williams--AMWN