- Mozambique: la victoire du parti au pouvoir confirmée malgré le "chaos" promis par l'opposition
- Mozambique: Daniel Chapo, l'inconnu président rejeté par la rue
- Insecticide avalé, compléments alimentaires aux amphétamines... le Centre antipoison de Paris veille
- Journal d'un agriculteur: "les gens arbitrent toujours leur budget sur la bouffe"
- La composition du gouvernement annoncée à 18h30
- Wall Street dans le rouge, sans conviction à l'approche des fêtes
- A Londres, une vitrine féerique où aucun jouet n'est à vendre
- Le Groenland n'est "pas à vendre", dit son Premier ministre après une allusion de Trump
- Allemagne: l'extrême droite attendue à Magdebourg, débat relancé autour de l'immigration
- Reportée, l'annonce du gouvernement toujours attendue lundi soir
- Ski alpin: Haugan sans rival à Alta Badia, Noël sixième dans la douleur
- Vers un arrêt de la pêche au saumon dans le Sud-Ouest
- Allemagne: extrême droite et contre-manifestants attendus à Magdebourg
- Foot: entre les gardiens parisiens Donnarumma et Safonov, Luis Enrique refuse de trancher
- Une minute de silence pour "entourer les Mahorais" après le cyclone dévastateur à Mayotte
- Câbles rompus en Baltique: le parquet suédois n'a pas été autorisé à mener son enquête à bord du Yi Peng 3
- Une minute de silence nationale pour "entourer les Mahorais" après un cyclone dévastateur à Mayotte
- Royaume-Uni: croissance nulle au troisième trimestre, inquiétude pour la suite
- Le Japon accuse Google d'infraction à la législation antitrust
- Rétrospective 2024: l'éclatant retour au sommet de la gymnaste Simone Biles
- Rétrospective 2024: l'or olympique au rugby à VII pour la star française Antoine Dupont
- Ski alpin: Haugan en tête du slalom d'Alta Badia, Noël 3e
- Automobile: Nissan et Honda ouvrent des négociations pour fusionner
- La Bourse de Paris, rassurée, évolue proche de l'équilibre
- Trump dit vouloir "stopper le délire transgenre" dès son premier jour
- Câbles sabotés dans la Baltique : Pékin promet de poursuivre la "coopération"
- Mayotte: dix jours après le cyclone, journée de "deuil national" et minute de silence
- Jour de validation des élections au Mozambique, risque d'embrasement
- Reportée, l'annonce du gouvernement au plus tôt lundi soir
- Guatemala : des membres d'une secte juive tentent de reprendre 160 enfants secourus par les autorités
- La Corée du Sud évalue à 1.100 les soldats nord-coréens tués ou blessés face aux Ukrainiens
- NBA: Jokic et les Nuggets arrachent la victoire aux Pelicans
- Vendée Globe: Richomme et Dalin dans un mouchoir de poche à l'approche du Horn
- Bassin d'Arcachon: un an après la pollution, la filière ostréicole peine à se relever
- Guatemala: des membres d'une secte tentent de reprendre 160 enfants secourus par les autorités
- Automobile: Nissan et Honda sur le point d'ouvrir les discussions pour fusionner
- Dans le ciel balte, les chasseurs ultramodernes de l'Otan pour dissuader la Russie
- Mayotte: dix jours après le cyclone, journée de "deuil national" en France
- Reportée, l'annonce du gouvernement au plus tôt lundi
- Jour de validation des élections au Mozambique, menacé de "chaos"
- Guatemala: des familles d'une secte réclament le retour de 160 enfants secourus par les autorités
- Coupe de France: le PSG écarte difficilement Lens aux tirs au but
- Coupe de France: le PSG s'en sort aux tirs au but, Auxerre éliminé par Dunkerque
- Italie: l'Atalanta arrache une onzième victoire de suite
- Le nouveau dirigeant de la Syrie annonce que toutes les armes seront placées sous le contrôle de l'Etat
- Vendée Globe: Dalin reste au contact de Richomme à l'approche du cap Horn
- Foot: Liverpool surclasse Tottenham (6-3) et conforte sa première place
- Coupe de France: Auxerre sorti par Dunkerque, Marseille et Monaco déroulent
- Le nouvel homme fort de la Syrie annonce que toutes les armes seront placées sous le contrôle de l'Etat
- "Derniers réglages" en cours, mais l'annonce d'un nouveau gouvernement reportée
Avec les chasseurs inuits, sur la banquise de glace et de fonte
Sur la banquise, Hjelmer Hammeken a repéré un phoque annelé près de son trou de glace. Camouflé en blanc, il avance à pas lents dans la neige, s'allonge, attend. Quand il tape des pieds, le phoque lève la tête, il tire.
Dans ce paysage lunaire, la bête est immédiatement dépecée. Hjelmer avale un bout de foie cru encore chaud. La récompense du chasseur.
La scène est banale du côté d'Ittoqqortoormiit, près du détroit de Scoresby, le plus grand fjord du monde sur la côte est du Groenland, aux confins de l'Arctique.
Dans ce bourg de 350 habitants aux maisons colorées, tous les hommes chassent - l'ours s'ils sont professionnels, le phoque, le narval ou le bœuf musqué s'ils sont amateurs. C'est un mode de vie ancestral qui se transmet de génération en génération.
Mais depuis une vingtaine d'années, le changement climatique et les quotas mettent peu à peu en péril une tradition qui assure la survie alimentaire et financière des familles inuites.
Pour capter leur quotidien, une journaliste télé et un photographe de l'AFP ont vécu pendant plusieurs jours fin avril avec des chasseurs professionnels d'Ittoqqortoormiit.
- Hjelmer Hammeken, 66 ans, la légende, témoin du changement climatique -
Quand il arrive en traîneau à chiens sur la banquise à la limite avec la mer, Hjelmer impose le respect. C'est le plus grand chasseur d'ours polaires du Groenland: 319 tués en cinquante ans, sept cette année.
Sa réputation remonte aux années 1980. Il partait alors seul à travers les glaciers du fjord, avec ses chiens, une tente, un peu de ravitaillement, et pouvait ramener jusqu'à trois ours au terme d'une expédition de plusieurs semaines.
C'était l'âge d'or pour les chasseurs professionnels, quand les peaux d'ours se vendaient à l'étranger.
En 2005, des quotas ont été instaurés pour freiner la baisse du nombre d'ours polaires. Trente-cinq en 2024. Et en cette fin avril, ils ont été atteints. C'est pour cela que ce jour-là, Hjelmer chasse le phoque, non soumis aux quotas.
Sous ses yeux, depuis le début du siècle, le changement climatique a fait son œuvre lentement mais sûrement en Arctique, qui se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.
"Avant, on pouvait chasser toute l'année", dit l'homme au regard vif et à la moustache blanche. "En hiver, la glace était plus dure (...) et le fjord ne fondait jamais." Aujourd'hui, la glace est moins épaisse, la banquise moins étendue et le détroit totalement ouvert de mi-juillet à début septembre.
Alors qu'il observe l'horizon, le jeune chasseur Martin Madsen à ses côtés, le vent se lève, la mer s'agite. La glace, plus fine en bord de banquise, devient instable. Elle risque de se détacher et de les emporter, il est temps de partir.
"En août, toute la banquise aura fondu, il n'y aura plus que la mer, une mer agitée", ce qui rendra difficile la chasse au phoque ou au narval (également soumis aux quotas), poursuit Hjelmer.
Quant aux ours polaires, qui chassent sur la banquise, il se demande comment ils feront pour survivre. Déjà l'été, coincés sur la terre ferme et affamés, ils s'approchent du village. Sans doute, dans l'avenir, migreront-ils plus au nord, selon les chercheurs.
"Que va-t-il se passer dans les 50 prochaines années?", interroge Hjelmer.
- Martin Madsen, 28 ans, ou la difficulté de vivre de la chasse -
Comme tous les matins, Martin scrute l'horizon de sa fenêtre et consulte les prévisions météo sur son portable. Pas de brouillard, grand soleil, idéal pour la chasse. Il prend ses fusils et part pour le bord de la banquise.
D'autres chasseurs sont déjà en position. L'œil aiguisé, ils regardent les reflets de l'eau sous l'effet du vent, balayent le paysage. A deux kilomètres d'ici rodent trois ours blancs.
Pour attirer les phoques, les inuits grattent la banquise avec leur "tooq", longue perche en bois, qui imite le bruit des pinnipèdes lorsqu'ils creusent le trou de glace qui leur permet de respirer.
Quand un chasseur en repère un, il crie: "Aanavaa!" (prononcer "Anoua": "Voilà un phoque!") et siffle pour attirer la bête. S'il rate sa cible, les autres peuvent alors tirer.
Ce jour-là, Martin, moustache noire et visage juvénile, rate sa cible. Le lendemain, avec sa carabine calibre 222 mm, à plus de 200 mètres de distance, il tue du premier coup dans l'eau un phoque barbu, qu'il se hâte ensuite de ramener en barque avant qu'il ne coule. Fierté: "Les chiens pourront manger".
Comme Hjelmer, Martin est un des 10 chasseurs professionnels d'Ittoqqortoormiit, les seuls habilités à tirer des ours blancs, un titre accordé si leurs revenus sont issus à 100% de la chasse.
"Je chasse depuis que je suis enfant. J'ai grandi parmi des chasseurs, mon père, mon grand-père", raconte-t-il.
Depuis la grande époque de ses aînés, les conditions d'exercice du chasseur professionnel ont changé.
Pas tant dans la manière de faire - si ce n'est l'utilisation sur la banquise des téléphones portables et satellites ou l'apparition des scooters des neiges.
Mais dans la possibilité d'en vivre. "Aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup de quoi chasser", dit Martin. "Les quotas imposés aux chasseurs, ça ne me plaît pas."
La peau d'ours, qui ne peut être vendue qu'au Groenland depuis un embargo de l'Union européenne en 2008, rapporte jusqu'à 2.000 euros; celle du phoque 40 euros maximum, un prix inférieur de moitié à celui pratiqué avant l'instauration d'un embargo en 2009 finalement annulé pour les Inuits.
Retour à la maison. Charlotte Pike, la compagne de Martin, prépare une soupe à l'ours polaire. Tomates, carottes, oignons, curry rouge.
"Vu le peu de revenus que nous rapporte la chasse (...) la vie est très difficile", dit cette femme de 40 ans qui cherche à accueillir des touristes à la maison comme alternative.
"Sans compter", poursuit-elle, "tout ce qu'on entend dans le monde sur le fait qu'on tue des animaux, qu'il ne faut pas manger de viande... C'est dur pour nous."
Martin, qui n'est jamais allé à l'école, espère que leur fils Noah, huit ans, ne deviendra pas chasseur à son tour.
- Nukappiaaluk Hammeken, 11 ans, ses chiots, son rêve -
Son père Peter n'est pas chasseur professionnel, il tient un café-restaurant dans ce village du bout du monde, à 800 km de la colonie humaine la plus proche au Groenland, ravitaillé par cargo une à deux fois par an.
Mais lui rêve de faire partie de cette élite qui chasse les proies nobles et qui ne cesse de diminuer au fil des ans à Ittoqqortoormiit. Dans la jeunesse de Hjelmer, son grand-oncle, "presque chaque homme du village" pratiquait la chasse professionnelle.
Nukappiaaluk devra attendre d'avoir 12 ans avant de faire sa première chasse. Pour devenir professionnel, il devra passer par un long apprentissage auprès des anciens.
Le pré-requis, ce sont les chiens de traîneau, obligatoires pour la chasse professionnelle.
Aujourd'hui, le garçon timide confectionne à la main des colliers pour ses neuf chiots. "Il veut devenir chasseur professionnel, je lui explique comment faire", dit son père, 38 ans. "La chasse (...) c'est important pour le village, pour notre avenir."
D'ici deux mois, ses chiens pourront commencer à travailler. Nukappiaaluk devra apprendre à les dresser, à les diriger à la voix pour atteindre les 30 km/h, à s'en faire respecter - la moindre erreur peut être fatale en ce milieu hostile.
Comme il devra apprendre à comprendre ses futures proies, leur régime, leur habitat, leurs déplacements qui évoluent au gré du climat et répéter les gestes de toutes les générations de chasseurs avant lui. "Si tu ne connais pas tes ancêtres, tu ne sais pas qui tu es", résume son frère Marti, 22 ans.
mpr-om-cbw-dp/jnd
D.Moore--AMWN